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jeudi 19 janvier 2023

Faire de Vrai buche de papier

"Mais pqoi tu dis 'vrai buche' ?"
- bin parce que la plupart du temps, les gens font surtout des briquettes, des briques, des pavés, voir des "cakes" (avec les presses rectangulaires du commerce), mais c'est pas vraiment des buches.

Pour moi un buche, c'est cylindrique et ça fait dans les 15/20 cm de diamètre, et au moins pareil en longueur.


"Mais toute l'année, tu récupères du bois gratos. Pqoi t’embêter à faire des buches de papier ?"
1. parce que ça fait de super buche de nuit: le matin le poêle est encore super chaud (même si ça fait énormément de cendre par rapport au bois, c'est vrai).
Avec de vrais buches en bois, c'est plus aléatoire, chez moi en tout cas, de viser la conservation de la chaleur jusqu'au matin: des fois elles brulent vite, des fois elles s'éteignent, ça fonctionne pas bien à tous les coups.
2. parce qu'à mon boulot, je vois régulièrement jeter de gros volumes de papier déchiqueté et que ça me pique un peu le cul.
Et surtout parce que ça doit se produire dans une majorité de boite.
Je pense qu'il y a surement plein de gens qui pourraient se chauffer avec ça, mais il faut que le process soit simple et que ça demande pas un travail de galérien.
3. Enfin, parce qu'en bon obsessionnel compulsif, quand j'ai une idée en tête, je l'ai pas au cul, et donc, tant que je serais pas allé jusqu'au bout de ma "pue thym" d'idée de buche en papier, ça continuera à me démanger.

Dans mes différentes tentatives, j'ai remarqué que les "spaghettis" de papier, simplement mouillés, même longtemps, donne parfois (souvent) des problèmes de cohésion des "compressions" finales.
J'ai cogité un moment sur la fabrication d'un mélangeur-broyeur à monter sur la perceuse pour "pâtifier" mon papier.
Et en regardant une vidéo d'un site de "créative" qui refaisaient du papier à partir ... de papier, j'ai vu que le simple mélange avec un fouet de cuisine suffisait à transformer le papier bien mouillé en pâte.
J'ai donc d'abord essayé avec un simple mélangeur à peinture (ou à mortier).
Même si c'est vrai qu'il se colmate assez vite, ça continue à bien faire le boulot et mes spaghettis de papier mouillé se transforment assez vite en pâte grossière (mais je continue à cogiter sur un mélangeur/broyeur/trancheur ... wait and see).

Bon après, faut compresser ça, pour lui donner une forme de buche, avec une certaine cohésion, et enlever le maximum de flotte.
De ce que j'ai constaté au fil de mes expérimentations, la pression apporte surtout un meilleur essorage (et donc un séchage plus rapide) et une meilleure cohésion de la buche tant qu'elle reste humide (dans mes premiers essais, j'osais pas trop forcer et les buches résultantes prenaient du bide en séchant. Elles se tassaient par le bas pendant le séchage : - ).

Une fois sèche, méga-compression ou non, je n'ai pas remarqué de différence notable lors de la combustion, en tout cas dans mon poêle.
Pour moi, ça brule pas mieux ou moins bien.

Bon alors comment j'ai fait ma presse ?
Sur le web, on trouve des tonnes de modèle de presse ingénieux, mais le plus souvent, comme déjà dit sus-ditement, c'est pas vraiment pour faire des buches.
Alors même si j'admire la qualité et l'ingéniosité des réalisations, fainéant ("comme une couleuvre") comme je suis , je voulais arriver à faire un pressoir le plus simple possible.

Pour le cylindre, j'ai pris un tube PVC en 200 d'une longueur de 1M (récupéré dans une benne de chantier), que j'ai coupé (fendu ?) dans le sens de la longueur, en 3 parties.
Sur 2 des découpes, j'ai riveté des charnières et sur la 3ème des fermetures à loquet.

Ouais, parce que j'ai fait des tentatives avec le tube entier (non "ouvrable") : j'ai jamais pu sortir la buche sans la détruire. Pue thym, ça s'accroche le papier humide tassé !!

Avec le tube qui s'ouvre, c'est plus facile à démouler. Il suffit d'ouvrir le "corset" et hop, accouchement de la buche par césarienne ( - :

Dans une premier temps, j'avais réparti les fermetures également dans le sens de la longueur.
A l'usage, je me suis rendu compte que celle du haut ne force quasiment jamais.
Je l'ai donc déplacé celle du haut tout en bas du tube (qui se prend toute la pression de fin de course).

Bon évidemment, j'ai aussi pratiqué plein de petites fentes dans la moitié inférieure du tube, mais bon ça, seuls les non-entravants ne l'auront pas compris ( - :

Pour le corps du piston, j'ai pris simplement un bout de tube PVC en 100.
J'avais envisagé un bout de tube métal, un chevron, mais tant qu'à être dans le PVC, j'ai voulu tenter le coup et j'ai été épaté comme ce tube tient la pression.

Pour caler le corps du pressoir et centrer le piston lors de sa descente, j'ai récupéré, sur un cadavre de conteneur de poubelle de collectivité (très bon PVC !!), 2 des embases qui servent à fixer les roues.

Pour le centreur du piston, j'ai découpé, centré, un rond du diamètre extérieur du corps du piston (le tube en 100).
Et puis j'ai reporté dessus, le mieux centré possible, la position du  gros cylindre et fait les découpes adéquates dans les renforts.
L'idée étant de l'emboiter sur le haut du tube en 200, avec un trou centré de 100 en son centre qui gardera le piston, durant sa descente, bien au centre.

Toujours dans le même PVC, j'ai découpé plusieurs ronds plats : 2 au diamètre interne du gros tube et 1 au diamètre intérieur du tube en 100.
L'un des grands ronds est riveté et centré sur l'autre embase de conteneur.
Il servira à caler le gros cylindre, par l'intérieur, pour lui éviter de ripper pendant le pressage.

L'autre grand rond est riveté centré avec le petit rond et le tout est fixé (avec des agrafes chaudes) sur le tube en 100. Ce qui constituera la tête du piston.

Je fignole en faisant sur la base et le centreur des découpes pour la passage de la sangle (sangle de chantier, de récup, évidemment : -)


 

Le pressoir est enfin prêt.
Pour le remplir, j'ai une pelle à cendre qui fait pile-poil la bonne largeur du gros cylindre (elle est pas belle la vie ?)
Je gave donc mon cylindre aux 2 tiers, puis je met en place, le piston et le centreur.

Pour compresser, je prend un simple petit cric parallélogramme (850Kg maxi !!), un peu bricolé pour rajouter 2 crochets latéraux.
Je le pose, sur une entretoise (bois, métal,) pour éviter de défoncer le corps du piston.
Une sangle de chantier qui prend le tout par dessus et mes 2 fixations "rapides" pour l'accrocher au cric.

Fainéant comme vous me connaissez, j'actionne le cric à la boulonneuse pour la plus grande partie de la course.
Quand je sens, que c'est prêt à péter, je passe sur la clé à cliquet.
J'amène le piston à peu prés, au dernier quart du cylindre (on voit le mouvement à travers les fentes du gros cylindre) ou plus bas, si je trouve que sur un tour de clé, y a encore beaucoup d'eau qui coule.

Les premiers temps, je ne pressais pas assez et puis je me suis rendu compte qu'au bout de 2 jours, les buches rendaient encore beaucoup d'eau.
Alors, elles ont refait un passage dans le pressoir. Et là je me suis rendu compte, que je pouvais presser très fort dés le premier passage.

En vrai, il me faut dans les 3 minutes pour démouler la buche de la veille et en remettre une en pression.
Après je pars bosser ou dormir (suivant l'heure : - ). Et soit en rentrant le soir du boulot ou le matin en partant, je recommence.
Comme je rentre entre midi et 2 chez moi, je démoule 3 buches par jour pour un peu moins de 20 minutes de boulot.

Pour la matière première, c'est encore plus simple.
Quand il y en a à mon boulot, je charge 5 ou 6 sacs dans ma voiture en partant (2 minutes)
Arrivé chez moi, je vide les sacs dans un gros fût extérieur et j'appuie un peu dessus ou je met un coup de jet pour mouiller et éviter que le vent emporte les spaghettis et je laisse tremper.

Et quand ça me pète, quand le fût est bien rempli, je met un bon coup de mélangeur pour faire de la pâte, et je met en presse une première buche.

Pour le séchage, j'avais 3 étagères métallique côte à côte, qui trainent devant mon hangar. J'ai rajouté des bouts de caillebotis sur les étagères pour que l'air circule aussi sous les buches.
Par dessus, une bâche plastique transparente (bâche de peintre) et surtout 3 lattes de volets à lattes pour que le plastique reste ouvert et donc que la condensation puisse s'échapper par le haut.


En 3 semaines, même d'hiver (mais bon, moi j'habite dans le sud .... con !), mes buches sont sèches et prêtes à passer dans le poêle.



Voila, c'est simple, pas cher, fait avec ce que j'ai sous la main, ça demande assez peu de temps et c'est efficace: moi j'appelle ça de "l'incroissance" 😋

 

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